Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/442

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quel crime avait commis cet enfant qu’on voulait offrir en holocauste à des rancunes déjà si largement satisfaites ? Les exigences naturelles de la victoire se peignaient dans cet esprit exalté comme des violences impies. Toujours confiant, d’ailleurs, dans les dispositions qu’il supposait au duc d’Orléans, il ne pouvait comprendre dans quel but on troublait ainsi son repos. « Que me voulez-vous, Messieurs, dit-il, en apercevant les commissaires ? Tout est réglé maintenant, et je me suis entendu avec mon lieutenant-général. — Mais, sire, répondit le maréchal Maison, c’est précisément lui qui nous envoie, pour prévenir votre majesté que le peuple de Paris marche sur Rambouillet, et pour la supplier de ne point s’exposer aux suites d’une attaque furieuse. » Charles X se croyant alors trompé, laissa éclater son ressentiment avec violence, et le maréchal Maison, qui s’était présenté le premier, fut si intimidé, qu’il alla se placer derrière M. de Schonen. M. Odilon-Barrot prit la parole avec assurance. Il parla des horreurs de la guerre civile, du danger de braver des passions encore incandescentes. Et comme Charles X insistait sur les droits du duc de Bordeaux, formellement réservés par l’acte d’abdication, l’orateur lui représenta d’une voix caressante que ce n’était pas dans le sang qu’il fallait placer le trône de Henri V. — « Et soixante mille hommes menacent Rambouillet, ajouta le maréchal Maison. » À ces mots, le roi, qui marchait à grands pas, s’arrête, et fait signe au maréchal Maison qu’il désire l’entretenir en particulier. Après quelques moments d’hésitation, le maréchal y con-