Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de Broglie, dont il redoutait l’esprit altier et dont les manières sèches lui déplaisaient. Mais entre lui et ces deux hommes il y avait une parenté de doctrines qui faisait taire des répugnances purement personnelles. Le duc avait pour M. Laffitte un penchant beaucoup plus prononcé. Il aimait son caractère facile ; il prêtait à ses longues et spirituelles histoires une oreille complaisante ; et, très-verbeux lm-même, il recherchait dans M. Laffitte un auditeur toujours bienveillant. Il espérait, d’ailleurs, en faire un instrument aveugle de ses desseins. Malheureusement, M. Laffitte avait des droits à la reconnaissance de la cour, chose que les princes ne pardonnent pas. Sa popularité était trop grande pour un rôle de familier ; et, sous ce rapport, le général Sebastiani convenait mieux au prince.

Au point où en étaient les affaires, le ministère le plus important était celui des relations extérieures, car déjà le duc d’Orléans n’avait plus d’autre souci que celui de fléchir l’Europe. M. Bignon avait été chargé, comme on l’a vu, des affaires étrangères. Le général Sébastiani, qui convoitait secrètement son héritage, insinua que les souverains étrangers entreraient difficilement en rapport avec l’historien de la diplomatie impériale ; toutefois, n’osant se produire trop tôt, il fit donner le portefeuille des affaires étrangères au maréchal Jourdan, à qui son grand âge et ses blessures ne permettaient pas de le conserver long-temps. M. Bignon fut relégué provisoirement au ministère de l’instruction publique. M. Girod de l’Ain, de son côté, obtint de remplacer M. Bavoux à la préfecture de police.