Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/454

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Tous ceux qui soient élevé la voix contre le duc d’Orléans étaient dénoncés comme ennemis du bien public. Le général Dubourg, surtout, était accusé avec une véhémence calculée. Le colonel Rumigny, aide-de-camp du lieutenant-général, faisait passer M. Dubourg pour un ancien émigré, un agent de Charles X, un traître. Après la scène du 31 à l’Hôtel-de-Ville, le général Dubourg avait compris que sa place n’était plus là : il s’était retiré. Il voulut reparaître deux jours après ; des mesures étaient prises pour le repousser. A peine eut-il atteint la première marche du second escalier, qu’il se vit assailli par des furieux, et courut risque d’être assassiné.

M. de Lafayette lui-même était près de céder au courant et avait perdu contenance. Il avait fait écrire sur les drapeaux de la garde nationale ces trois mots : liberté, égalité, ordre public. M. Girod (de l’Ain) le vint trouver de part du duc d’Orléans, et le supplia de faire effacer ce mot égalité, qui rappelait de si lamentables souvenirs. M. de Lafayette hésitait, mais M. Girod (de l’Ain) s’écria : « C’est un fils qui vous en prie au nom de la mémoire de son père. » D’autres drapeaux furent commandés.

Les républicains, cependant, n’avaient pas perdu toute espérance. Ils savaient de quelles haines jalouses la bourgeoisie poursuivait la pairie héréditaire. Faire décréter sur la place publique l’abolition de ta chambre des pairs était une tentative hardie, mais réalisable. Or, cela fait, que resterait-il du régime politique de la Restauration ? quelques députés incertains de la légitimité de leur mandat, au milieu des débris d’une royauté vaincue, mau-