Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/459

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son patriotisme. La responsabilité de toutes les mesures jugées utiles, ils l’assumaient avec une sorte d’intrépidité bruyante, et mettaient beaucoup de soin à compromettre leur popularité pour mieux ménager celle du prince, bien convaincus d’ailleurs que ce dévouement resterait pas sans récompense, quoiqu’il eût cessé d’être périeux.

Leur zèle, à cet égard, allait si loin que dès le 5 août, le droit avait été accordé aux ducs de Chartres et de Nemours d’assister aux séances de chambre des pairs. Cette distinction, créée, en faveur d’un jeune homme et d’un enfant dut paraître et parut extraordinaire le lendemain d’une révolution faite contre les privilèges de naissance. Mais, comme le lieutenant-général n’avait jamais fait mystère de son dédain pour ces enfantillages monarchiques ; comme son langage et ses manières avaient été jusque-là d’un honnête plébéïen ; comme enfin il était en France le premier prince qui eût mis ses enfants au collège, les esprits peu clairvoyants purent croire que c’était contre son gré qu’avait lieu l’admission des ducs de Chartres et de Nemours à la chambre de pairs.

Sa conduite, du reste, éloignait toute défiance. Jamais prince n’était allé au-devant de la popularité avec plus de bonhomie, plus d’abandon. Combien d’hommes du peuple, en ce temps-là, purent se vanter d’avoir pressé de leurs mains calleuses la main du prince, vivement offerte aux passants ! Ne l’avait-on pas vu, dans la rue Saint-Honoré, porter à ses lèvres un verre présenté par un ouvrier ? Le peuple, qui n’aime pas qu’on descende