Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/468

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stationnés sur le quai de Retz à se dissiper, il fut repousse avec colère.

Les autorités s’étaient concentrées à l’Hôtel-de-Ville avec la garnison. L’arsenal et la préfecture étaient soigneusement gardés. Des ordres, dont quelques-uns furent interceptés, pressaient vivement les garnisons de Clermont, du Puy, de Montbrison et de Vienne, d’arriver sur Lyon à marches forcées. Un coup de fusil partit : on crut la lutte commencée. Alors, le lieutenant de M. Zindel, M. Prévost, se présente seul sur le perron de l’Hôtel-de-Ville, pénètre dans les appartements, et somme les autorités de confier à un nombre égal de gardes nationaux et de soldats le poste de l’Hôtel-de-Ville. On refuse, on exige des concessions. Prévost tire aussitôt sa montre, et la déposant sur la table du conseil : « Vous n’avez, dit-il, que cinq minutes pour accepter ce que je vous propose. Si, ce temps expiré, je ne suis pas de retour auprès de mes camarades, ils ont ordre d’attaquer. »

Il disait vrai : les préparatifs de l’attaque se faisaient partout ; le régiment de chasseurs, qui se portait sur l’Hôtel-de-Ville, ne pouvait percer les rangs serrés du peuple ; déjà les pavés étaient arrachés, déjà les voitures servaient de barricades ; la ligne avait chargé ses armes. Le traité que Prévost proposait fut repoussé par le préfet mais le général et les conseillers municipaux l’acceptèrent. Les gardes nationaux furent en conséquence introduits à l’Hôtel-de-Ville, où on laissa un poste de soldats. Les bataillons regagnèrent leurs casernes, pendant que la foule criait vive la Charte ! à bas les Bourbons !