Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/474

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difiée par la commission fut adoptée en cet termes, qui expliquent parfaitement la politique du duc d’Orléans et de la bourgeoisie dans cette première période de leur commune domination :

« La chambre des députés prenant en considération l’impérieuse nécessité qui résulte des événements des 26, 27, 28 et 29 juillet, et de la situation générale où la France s’est trouvée placée à la suite de la violation de la charte constitutionnelle ; considérant en outre que, par suite de cette violation et de la résistance héroïque des citoyens de Paris, le roi Charles X, S. A. R. Louis-Antoine, dauphin, et tous les membres de la branche aînée de la maison royale sortent en ce moment du territoire français, déclare que le trône est vacant en fait et en droit, et qu’il est indispensable besoin d’y pourvoir. »

Cette rédaction était fort bien calculée. L’élévation du duc d’Orléans y était présentée comme le résultat forcé d’événements auxquels il avait bien pu lui-même ne prendre aucune part. Charles X n’était pas chassé du royaume, il en sortait ; et le duc d’Orléans ne montait sur le trône que parce que le trône se trouvait vacant. Ainsi, tout ce que les cabinets étrangers auraient pu voir de révolutionnaire dans la prise de possession du duc d’Orléans, s’effaçait naturellement à leurs yeux. Ce prince n’était plus un usurpateur, c’était le continuateur inévitable des traditions d’ordre et de paix garanties par la forme monarchique. Le duc d’Orléans avait voulu faire croire à l’Europe qu’il respectait dans Charles X en membre de la famille des rois inviolables, lorsqu’il envoyait