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à Rambouillet des commissaires chargés de le protéger contre des passions par lui-même excitées. Rien n’était plus propre à remplir les vues du prince que la déclaration qu’on vient de lire. Elle fut adoptée presque sans opposition.

Il ne restait plus qu’à stipuler les conditions de l’établissement nouveau, pour masquer l’usurpation vis-à-vis du peuple comme on venait de le faire vis-à-vis de l’Europe. Le second paragraphe de la proposition supprimait le préambule de la charte. M. Persil s’écrie, à cette occasion, que c’est dans le peuple seul qu’est la souveraineté ; qu’il faut proclamer ce principe, qu’il faut l’écrire, afin que nul à l’avenir ne se puisse dire roi par la grâce d’en haut. Et il propose que, sous le titre de souveraineté, on insère dans la charte ces deux articles de la constitution de 1791 :

« La souveraineté appartient à la nation ; elle est inaliénable et imprescriptible. — La nation ne peut exercer ses droits que par délégation. »

Cette proposition n’a pas de suite.

On répond à M. Persil que sa pensée se trouve exprimée dans le second paragraphe de la commission, ainsi conçu :

« La chambre des députés déclare que, selon le vœu et dans l’intérêt du peuple français, le préambule de la charte est supprimé comme blessant la dignité de la nation, en paraissant octroyer aux Français des droits qui leur appartiennent essentiellement. »

Ce paragraphe est voté ; mais les hommes habiles du parti se réservaient d’en faire disparaître l’hom-