Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/479

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du duc d’Orléans à l’acceptation du peuple : tous gardant le silence.


La chambre est sur le point de procéder au scrutin secret sur l’ensemble de la proposition, lorsque le vénérable Labbey de Pompière demande que les votans écrivent leur noms sur un registre. M. Bérard appuie la motion, mais beaucoup n’ont pas le courage d’un public aveu. Le don de la couronne de France est voté comme un simple article du règlement.

Seul de tous députés de l’opposition, M. de Cormenin s’abstint de voter. Suivant lui, consulter le peuple était indispensable, puisqu’on adoptait le principe de la souveraineté du peuple. Il s’était donc rendu à la chambre comme spectateur, non comme législateur. Déjà, dans la séance du 30, il avait repoussé, par un noble scrupule, le titre de commissaire des travaux public, que lui apportait un message de l’Hôtel-de-Ville. Plus tard, il avait refusé son concours à la nomination d’un lieutenant-général. Maintenant, tandis que tous ses collègues, les uns par aveuglement, les autres par calcul, s’abandonnaient au flot des circonstances, immobile sur son banc, l’inflexible logicien protestait une fois encore contre une usurpation sans exemple.

Quelques jours après, il publia sa démission en ces termes : « Je n’ai pas reçu du peuple un mandat constituant, et je n’ai pas encore sa ratification. Placé entre ces deux extrémités, je suis absolument sans pouvoir pour faire un roi, une charte, un serment. Je prie la chambre d’agréer ma démission. Puisse ma patrie être toujours