Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais la France, attaquée dans ses libertés, voyait l’ordre public en péril ; la violation de la charte avait tout ébranlé ; il fallait rétablir l’action des lois, et c’est aux chambres qu’il appartenait d’y pourvoir. Vous l’avez, fait, Messieurs : les sages modifications que nous venons de faire à la charte garantissent la sécurité de l’avenir, et la France, je l’espère, sera heureuse au dedans, respectée au dehors, et la paix de l’Europe de plus en plus assurée. »

Le duc d’Orléans était roi. Il fut appelé Louis-Philippe Ier. On n’avait voulu donner à ce continuateur incertain des trente-cinq Capets ni le nom de Philippe V, qui était un engagement pris avec le passé, ni le nom de Philippe Ier qui semblait ouvrir au peuple un avenir nouveau. Au titre de roi de France fut substitué celui de roi des Français, ces innovations dans les mots paraissant propres à donner le change à la multitude.

Cependant, un effroyable malaise commençait à s’introduire parmi les classes ouvrières. Ces hommes qui avaient crié Vive la Charte, et qui, pendant trois jours, s’étaient si vaillamment battus pour elle, s’étonnaient du surcroît de douleurs que leur apportait le triomphe. En créant le 31 juillet une garde nationale mobile, et en arrêtant que le soldat recevrait une solde de trente sous par jour, la commission municipale et Lafayette n’avaient pu avoir en vue qu’une mesure provisoire, qui d’ailleurs resta sans effet.

Grâce à des combinaisons habiles, à des promesses décevantes, à quelques distributions d’argent faites