Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/492

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nationale, dont il devait être facile d’exclure le peuple, en faisant d’un uniforme coûteux une condition nécessaire d’admission ; d’affranchir plus complètement la presse qui, jusque là, n’avait guère étudié les intérêts du peuple ; d’étendre à un plus grand nombre de citoyens le pouvoir de faire des lois ; d’accorder aux législateurs de la bourgeoisie le droit d’initiative ; de reprendre, enfin, par l’égalité des cultes et la défaite de la noblesse, les traditions de 89.

Mais répartir plus équitablement les impôts, alléger les charges qui écrasent le pauvre, abolir ces contributions indirectes de la Restauration, nées des droits réunis de l’Empire, aviser aux moyens de porter remède à la mobilité homicide des salaires, fonder des ateliers pour les combattants de la veille, devenus le lendemain des ouvriers sans travail…, rien de tout cela ne parut digne d’être mis en discussion ; rien de tout cela n’exista, même sous forme de promesse.

En revanche, on étendit sur les joueurs de bourse une sollicitude remarquable. Les ordonnances de Charles X étaient venues subitement favoriser les spéculateurs à la baisse. Or, quelques-uns d’entr’eux, comme on l’a vu, avaient été mis dans le secret des ordonnances et avaient joué à coup-sûr. Les spéculateurs à la hausse se prévalurent de cette circonstance pour demander que la liquidation des primes n’eût lieu que le 9 août. Les banquiers qui avaient joué à la hausse, et qui étaient en état d’agir sur la bourse avec des millions, comptaient profiter du délai accordé, pour raffermir les cours par des