Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/495

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tions à l’Europe et de ses fureurs immortelles, quels prodiges peuvent sortir d’un enthousiasme véritable. Si ceux qui s’emparèrent du mouvement des affaires en 1830, avaient fait, pour retirer le peuple de la route des abîmes, des efforts persévérants et courageux, leurs efforts, eussent-ils été stériles, suffiraient pour les absoudre aux yeux de l’histoire. Mais rien ne fut tenté : au-dessous de la charte révisée et du couronnement d’un roi, il n’y eût plus que le règne d’un fatalisme brutal.

On se prépara, toutefois, à prêter trente millions au commerce. Mais il n’était pas loisible au gouvernement de distribuer au hasard le revenu public. On prêta donc sur gages à ceux qui possédaient ; par conséquent, on prêta à des banquiers connus, à des manufacturiers opulents. La crise n’en pesa pas moins de tout son poids sur les plus pauvres.

L’histoire ne présente rien de comparable à l’impuissance dont l’administration fit preuve dans les premiers jours qui suivirent la révolution, impuissance pour le bien, non pour le mal.

Quelques citoyens avaient eu l’idée de fonder à Saint-Denis un grand établissement d’imprimerie, avec l’aide et sous le patronage de l’État, Ils en firent la proposition au ministère de l’intérieur ; ils auraient réimprimé spécialement les œuvres révolutionnaires, les écrits de Rousseau, de Voltaire, des encyclopédistes, et leurs ateliers auraient servi d’asile à beaucoup d’ouvriers voués au vagabondage et à la misère. Cette proposition fut repoussée, par le motif que de pareils livres n’auraient point d’écoulement, puisqu’ils étaient des armes dont les libé-