Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/496

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aux n’avaient plus besoin après la bataille. Réponse profonde et qui vaut la peine qu’on la médite !

Au reste, il y avait un moyen plus sûr d’employer beaucoup d’ouvriers sans travail : les arsenaux ne contenaient que neuf cent mille fusils, et il en fallait trois millions pour armer la garde nationale dans tout le royaume. Des sollicitations journalières venaient stimuler le zèle du ministère de l’intérieur ; il recourut à son tour au ministère de la guerre. Eh bien ! cinq cent mille fusils seulement furent livrés. En vain la fabrication de ceux qui manquaient fut-elle réclamée vivement et à plusieurs reprises ; en vain fut-il demandé, au nom de tous les ouvriers en fer et en bois, qu’un grand atelier de fabrication fut ouvert à Paris ; en vain des propositions satisfaisantes furent-elles transmises aux bureaux de la guerre, de diverses parties du royaume, et notamment de Saint-Étienne, toutes ces tentatives se brisèrent contre une inertie invincible : elles n’eurent pour résultat que d’éveiller l’esprit de spéculation. On verra, dans la suite de cette histoire, à quelle date remonte cet achat de fusils fait plus tard en Angleterre, et qui devait produire tant de scandale.

Cependant, on fit exécuter quelques travaux au Champ-de-Mars, mesure qui, sans prouver la sollicitude du pouvoir pour les pauvres, servait, du moins, à masquer son indifférence.

Malheur à ceux qui se jettent au hasard dans les révolutions et qui courent au combat en poussant des cris inconnus !