Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/505

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à l’heure du départ, se mit soudainement à pleurer. Pour l’apaiser, sa gouvernante l’accablait de caresses et lui promettait des jouets nouveaux ; mais il continuait de pleurer et se roulait par terre en poussant des cris aigüs. Pauvre enfant ! cette fuite lui valait la perte d’une couronne d’abord, puis, après quelques années d’une adolescence flétrie, une mort mystérieuse au-delà du Rhin.

Avant de s’embarquer, Charles X remit à M. Odilon Barrot, qui lui en avait exprimé le désir, un écrit dans lequel il certifiait les égards dont il avait été l’objet de la part des commissaires. La dauphine, de son côté, donna comme témoignage de gratitude à M. Odilon Barrot une feuille de papier portant ces deux mots : Marie-Thérèse.

Le roi recommanda ensuite à la générosité des vainqueurs les pensionnaires de la liste civile. Les gardes s’attendaient tous à recevoir les adieux de la famille royale : cette espérance était vaine. Les officiers furent admis à baiser la main des princes et des princesses ; mais les soldats ne furent point passés en revue. Car tel est l’orgueil des maîtres de la terre, alors même que la main de Dieu les frappe et les humilie ! Le bienfait leur est facile, parce qu’il atteste leur supériorité ; mais la reconnaissance leur pèse, en leur rappelant qu’ils ont besoin des autres hommes.

Des sanglots, cependant, retentissaient le long du rivage. Un jeune homme, nommé Bonnechose, s’élança sur le pont, courut au monarque, et, tombant à ses genoux qu’il tenait étroitement embrassés, il versait des larmes amères et s’écriait : « 0 mon