Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/506

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roi ! ô mon roi ! je ne veux pas vous abandonner. » La grâce qu’il demandait ne lui fut pas accordée ; et, quelque temps après, il se fit tuer dans la Vendée pour la cause de ceux dont il n’avait pu partager l’exil.

Enfin, il fallut partir. Debout sur le pont, le vieux roi dit adieu à la France. Et, remorqué par un bateau à vapeur, le Great-Britain déploya ses voiles, tandis que les gardes remontaient en silence la côte de Cherbourg. Quelques spectateurs, attardés sur la rive, suivaient de l’œil la fuite de ce navire sur les flots, lorsqu’ils le virent se retourner tout à coup et reprendre avec vitesse la route du port. Était-ce l’effet de quelque ordre violent donné par Charles X à l’équipage ? On l’aurait pu craindre ; mais tout avait été soigneusement prévu : un brick, commandé par le capitaine Thibault, avait reçu l’ordre d’escorter le Great-Britain, et de le couler bas pour peu que Charles X eût essayé d’agir en maître. Cette prévoyance inexorable ne fut pas justifiée par l’événement. Le vaisseau ne revenait que pour chercher des provisions de bouche, oubliées dans ce désastre de plusieurs générations de rois.

Quand tout fut prêt pour le départ, le cri du commandement retentit de nouveau. C’était vers l’Angleterre que les Bourbons allaient voguer, en repassant peut-être par le sillon qu’avait jadis creusé dans l’océan le navire des Stuarts vaincus. Le ciel n’annonçait pas la tempête : le vent souffla dans les voiles, et le vaisseau disparut sur la mer.

fin du tome premier.