Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/57

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homme, peut-être, n’en eût à subir de semblables. Là, et là seulement, je trouve une expiation véritable et, suffisante de son orgueil.

La bourgeoisie achevait donc en 1815 l’œuvre commencée en 1814 ! Mais ses meneurs, éclairés par l’expérience, prirent cette fois leurs précautions, et firent leurs réserves. Pour que Louis XVIII, ressaisissant sa couronne, ne cessât pas un seul instant d’être un monarque bourgeois, il importait de placer auprès de lui, comme ministre, un homme voué aux intérêts dominants et assez habile pour gouverner sous le nom du roi. Fouché était merveilleusement propre à jouer ce rôle. Aussi devint-il l’homme nécessaire. On se rappelle qu’après le désastre de Waterloo les chambres nommèrent une commission de gouvernement. Carnot en fit partie, mais ce fut le duc d’Otrante qui en fut le président. Il est vrai que Carnot aimait le peuple !

Le premier soin de Fouché, devenu maître des affaires, fut de tirer de prison le baron de Vitrolles. Ils eurent une entrevue. M. de Vitrolles voulait sortir de Paris pour aller au-devant du roi ; l’accueil qu’il reçut de Fouché le retint, « Je puis, dit M. de Vitrolles au duc d’Otrante, servir utilement ici la cause de Louis XVIII, mais à trois conditions : la première, qu’il ne sera pas attenté à ma vie ; la seconde, que vous me donnerez au moins cinquante passe-ports pour entretenir des relations avec le roi ; la troisième, que je serai chaque jour