Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/61

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Au reste, tous ces scandales devaient être couverts par le grand scandale de la seconde entrée des alliés dans Paris. Pour le coup, il n’y eût ni combat livré, ni sang répandu. Paris ne capitulait pas il s’offrait. Les complices de l’étranger n’avaient pas agi dans l’ombre, cette fois, mais en plein soleil, à la face de tous, dans le palais consacré aux délibérations publiques. Comment peindre l’aspect de Paris durant ces jours horribles ? L’orgueil de la France s’était réfugié dans le sein de ses enfants les plus malheureux : les prolétaires furent toute la patrie mais que pouvaient-ils ? C’est tout au plus si au détour des rues désertes, aux angles des carrefours on rencontrait quelques vieux soldats murmurant des paroles de malédiction. Et, pendant que le long des voies splendides, des boulevards étincelants, les étrangers défilaient par milliers, portant sur le front, non plus comme en 1814, la surprise et l’admiration, mais la colère, le dédain et l’insulte, une foule de femmes élégantes, attirées aux fenêtres, saluaient avec des cris le passage des vainqueurs, et agitaient des écharpes en signe d’allégresse ; les riches préparaient leurs appartements les plus somptueux pour y recevoir les officiers anglais ou prussiens ; et les marchands, dans l’ivresse d’une joie cupide, étalaient à l’envi ce qu’ils avaient de plus précieux.

Cette fois, néanmoins, l’irruption des ennemis dans la capitale n’excita pas un enthousiasme aussi