Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

construits en souvenir de nos victoires ; si les alliés, traitant avec ce même roi de France, exigèrent avant toute négociation et obtinrent que l’armée de la Loire fût dissoute, pour que la France n’eût plus qu’à demander merci ; enfin, car elle est bien longue, hélas ! la liste de nos humiliations d’alors, si nos ennemis, par le traité de novembre, acquirent le droit, non-seulement de réduire la France à ses dernières limites, mais de démanteler ses places fortes, d’en bâtir contre elle avec son argent, de surveiller sa politique, d’occuper pendant cinq ans son territoire…, tout cela fut-il le crime du roi seulement, et des princes, et des ministres ? Pourquoi les représentants de la bourgeoisie, les membres du corps législatif, avaient-ils refusé à Napoléon vaincu cette épée qu’il demandait, comme simple général, pour réparer le désastre de Waterloo, sauver la patrie, ou mourir ? Et pourquoi, aux premières lueurs des bivouacs ennemis, la bourgeoisie parisienne, excitant le peuple si prompt au combat, ne prit-elle pas les armes, rugissante et désespérée comme les glorieux moines de Sarragosse ? Mais non : toutes les portes de la ville furent ouvertes ; et il y eut des acclamations de joie dans les rues ; et il y eut des danses dans les jardins publics ; et sur tous les théâtres, pendant plusieurs mois, l’enthousiasme de ceux qui vont au théâtre salua dans Alexandre le demi-dieu de l’invasion ! Je reprends : « Les marchands décuplaient leurs