Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/84

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Labourdonnaye, mais elle maintient le bannissement des régicides, après avoir couvert de bravos ce cris factieusement royaliste de M. de Béthisy : « Vive le roi quand même ! Quand même ! » L’antagonisme entre des deux principes éclatait jusque dans le royalisme ardent de l’assemblée.

Ce n’est pas tout : la loi des élections est présentée à la chambre. Deux systèmes se produisent : l’un créant un collège électoral par canton, et donnant au roi la faculté d’adjoindre à chaque collège électoral juges de paix, maires, vicaires généraux, proviseur, curés, etc. ; l’autre établissant, au profit des riches, l’élection à deux degrés. L’alternative est redoutable. Si le premier système prévaut, la royauté a prise sur les élections ; elle est mise hors de page. Que le second triomphe, au contraire, c’en est fait ; le régime parlementaire n’a plus de contre-poids ; le duel inégal de Pym et de Charles Ier, de Robespierre et de Louis XVI, de Lafayette et de Bonaparte, va revivre et continuer ; la royauté est sur le chemin des abîmes. Eh bien, c’est le système fatal à la royauté qui trouve faveur dans la chambre ultra-royaliste de 1815. Quel sujet de méditations !

Que cette chambre ait voulu frapper le ministère, non la royauté ; qu’elle ait proclamé l’omnipotence parlementaire par tactique, non par principe ; qu’elle ait prétendu faire du pouvoir électif un levier irrésistible, uniquement parce qu’il était alors dans ses mains, c’est possible. Et que prouve