Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/87

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En laissant les mots de côté pour aller au fond des choses, la lutte n’était donc qu’entre des idées féodales et des intérêts bourgeois. Or, les descendants de ceux qui avaient si rudement combattu la centralisation monarchique par Charles-le-Téméraire, le comte de Soissons, Montmorency, Cinq-Mars, n’étaient pas assurément plus royalistes que les fils de ceux qui avaient si fortement ébranlé les trônes par les Jansénistes, la magistrature et les philosophes. Aux yeux du parti féodal comme aux yeux du parti bourgeois, la royauté était un instrument plutôt qu’un principe. Lors donc qu’elle prêta son appui à la bourgeoisie, le parti féodal dût se retrancher derrière le pouvoir parlementaire et parler le langage des libertés publiques. Lorsqu’elle se prêta, au contraire, aux vues et aux passions du parti féodal, ce fut le tour de la bourgeoisie d’attaquer le trône au nom de la liberté. Ainsi s’expliquent les contradictions et les anomalies dont se compose le mouvement politique de la restauration.

En 1816, la bourgeoisie pouvait presque se dire assise sur le trône à côté de Louis XVIII, dont elle gouvernait l’esprit par M. Decazes. Ceux qu’on appelait ultra-royalistes se mirent donc à user le pouvoir royal, et se firent tous docteurs en libéralisme. Ici c’était M. de Villèle se plaignant de l’influence inconstitutionnelle du roi sur les élections du Pas-de-Calais. Là c’étaient MM. de Castelbajac et de La Bourdonnaye prenant, à la tribune, la défense de