Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/96

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intérêts et à des haines qui en faisaient, dans les salons de la magistrature et de la finance, une application passionnée ; et la royauté recevait le contrecoup de ces attaques.

De son côté, et par une tactique plus habile que sincère, le parti féodal aigrissait la bourgeoisie contre les ministres. M. de Chateaubriand écrivait dans le Conservateur que M. Decazes s’était fait d’abord le persécuteur des révolutionnaires, et qu’il les avait persécutés sans mesure. Le général Donnadieu lançait un pamphlet dans lequel il rejetait sur le favori de Louis XVIII tout l’odieux des événements de Grenoble en 1816. Il racontait qu’en réponse à une demande en grâce adressée par lui au roi en faveur de sept condamnés, une dépêche télégraphique lui avait transmis l’ordre de les tuer sur-le-champ. Il n’était pas jusqu’à la protection manifeste et toute spéciale accordée par le gouvernement au génie industriel, dont on ne lui fit un crime ; et le Drapeau Blanc s’émerveillait de tout ce qu’il y avait de délié dans la politique de M. Decazes, faisant coïncider avec les élections l’exposition des produits de l’industrie : c’était faire entendre à la bourgeoisie qu’on la flattait pour la tromper.

Il faut ajouter que la politique des ultra était alors de pousser au jacobinisme par d’insultantes provocations. « Vous voilà donc, disait le Journal des Débats aux adversaires du parti féodal, à propos d’une résolution récente prise par la diète germanique, vous