Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/10

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alarmés, irrités, et à l’impatience du mal joignant la peur d’en sortir… Tel est le tableau que présente l’histoire des dix dernières années.

Sous le rapport purement politique, elle se partage en trois grandes périodes :

Dans la première, qui s’étend depuis l’établissement de la dynastie d’Orléans jusqu’à la chute du ministère Laffitte, le pouvoir se montre inquiet, faible, chancelant ; il ne vit que de concessions trompeuses, il ne se développe qu’au moyen de la ruse. Rapprochées par des intérêts communs, par de communes espérances, la bourgeoisie et la royauté se prêtent un mutuel appui le principe parlementaire et le principe monarchique s’allient momentanément. C’est l’époque de fondation.

La seconde période embrasse le ministère de M. Casimir Périer, continué par le ministère de MM. Thiers et Guizot. Le pouvoir, attaqué violemment, se défend avec violence. Entre la bourgeoisie et la royauté des dangers communs resserrent l’alliance déjà conclue : le principe parlementaire et le prince monarchique semblent se confondre. C’est l’époque de lutte.

Dans la troisième et dernière période, les vices du régime se manifestent. Le pouvoir, cessant d’être menacé d’une manière sérieuse, s’affaisse sur lui-même d’abord, puis se divise. La bourgeoisie et la royauté commencent à se séparer. La chambre devient factieuse, et le ministère corrupteur. La rivalité des deux principes se déploie avec tous ses inconvénients, tous ses dangers. C’est l’époque de décadence.