Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/112

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Belges qu’avec colère ou méprît. Les députés des provinces méridionales y furent insultés, et ne tardèrent pas à comprendre qu’ils se trouvaient là en pays ennemi. La discussion de l’adresse envenima la querelle. Des orateurs hollandais émirent le vœu de recourir aux armes. Langage imprudent, qui retentit d’un bout à l’autre de la Belgique ! De part et d’autre on se hâtait vers le dénouement. Déjà le courrier des pays-Bas, à Bruxelles, tonnait contre la pusillanimité des députés belges envoyés aux états-généraux. On répandait des bruits pleins d’alarme. On s’attendait à chaque instant à voir s’ébranler les troupes commandées par le prince Frédéric. Les faits particuliers empruntaient des circonstances une gravité sinistre. Tantôt c’était un soldat belge, qui blessé dans une rixe par un soldat hollandais, avait été transporté dans les rues de Mons sur une civière, aux yeux du peuple indigné ; tantôt, c’était un jeune homme sur qui une sentinelle avait fait feu à Liège, et qui était tombé sanglant dans les bras de son frère. L’occasion était favorable pour la France. La bourgeoisie belge se sentait entraînée loin des Nassau par un mouvement devenu irrésistible. Elle glissait entre deux abîmes : l’anarchie d’un côté, la guerre de l’autre. Et, seul, le gouvernement français semblait pouvoir, tout en la sauvant des orages de l’anarchie, détourner d’elle les périls de la guerre.

Nul doute que, dans cette occurrence, la Belgique ne fut devenue française, si le cabinet du Palais-Royal se fût proposé pour but la grandeur de la France. Mais Les progrès de la révolution en Bel-