Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sités qu’il soulève. Quand le pouvoir est au prix d’une lutte, c’est la haine qui désigne les candidats.

Membre de la commission municipale, M. Mauguin avait eu d’excellentes idées, qui avaient échoué à cause de la défiance qu’il inspirait à ses collègues. Membre de la commission d’accusation dans le procès des ministres, il inspira la même défiance, il rencontra les mêmes obstacles. Dans son projet de jeter de l’éclat, d’agrandir le rôle de la chambre, d’exprimer aux yeux de tous sa souveraineté, MM. Madier de Montjau et Bérenger ne voulurent voir qu’un étroit calcul d’ambition personnelle. Sans combattre ouvertement les vues de leur collègue, ils s’appliquèrent à les déjouer.

Le jour où les commissaires devaient se rendre à Vincennes étant venu, M. Mauguin fut très surpris de n’apercevoir que cinq ou six gendarmes pour former l’escorte, et deux voitures au lieu de huit. Il en témoigna son mécontentement avec vivacité : il était trop tard. M. Madier de Montjau poussait si loin, dans cette occasion, le goût de la modestie, qu’il avait écrit secrètement au général Daumesnil, gouverneur de Vincennes, pour le prier de faire aux commissaires un accueil extrêmement simple. Cependant, quand ils entrèrent dans le château, ils trouvèrent toute la garnison rangée en bataille ; on leur présenta les armes ; le tambour battit aux champs. Et lorsque M. Madier de Montjau, prenant à part le gouverneur, lui demanda pourquoi il ne s’était point conformé aux instructions reçues. « Je m’en serais bien gardé, répondit le général Daumesnil. La souveraineté aujourd’hui n’est-elle pas