Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/134

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taire funèbre, le gouvernement proposait d’accorder aux veuves des citoyens morts dans les trois journéss un pension annuelle et viagère de 500 francs. Leurs enfants devaient jusqu’à l’âge de sept ans, toucher, une somme de 250 francs par année, et le bienfait d’une éducation gratuite leur était promis. L’hôtel des Invalides était ouvert aux blessés.

Ainsi le gouvernement venait dire : Honneur aux victimes ! Point d’échafauds pour les coupables ! Il y avait là certainement quelque chose de chevaleresque et d’élevé, bien propre à toucher un peuple tel que le notre. D’ailleurs, par un sentiment de magnanimité, facile à exalter, en France surtout, les blessés de juillet étaient devenus les protecteurs naturels des captifs de Vincennes. Plusieurs de ces courageux citoyens avaient signé une pétition contre la peine de mort. Quelques-uns d’entr’eux étaient venus à la chambre appuyer par leur présence la proposition de M. de Tracy, et on avait remarqué avec attendrissement l’intérêt qu’ils semblaient prendre à la discussion.

Le gouvernement s’était donc applaudi d’avance du résultat de son habileté. Mais le vice de toute politique tortueuse est de conduire, en éludant quelques petits obstacles, à des complications sans issue. La plupart des écrivains de la bourgeoisie eurent beau s’étendre sur l’éclat dont une politique clémente allait entourer la révolution, le peuple ne prit point le change. Le bruit s’étant répandu qu’il était question d’abolir la peine de mort, et que les ministres captifs seraient jugés par la cour des pairs,