Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/149

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chambre. Il déclara que, selon lui, le gouvernement devait s’appuyer sur la classe moyenne, parce que c’était « la classe moyenne qui constituait vraiement la nation. » Ces doctrines différaient peu de celles que M. Guizot et ses amis voulaient faire triompher. Mais les antipathies personnelles et les ambitions sans portée trouvaient un aliment dans ces vaines disputes, pour lesquelles se passionnait ce nombreux public qui ne voit, des choses humaines, que la couleur et la surface.

Le lendemain, 10 novembre. M. Laffitte, président du conseil, prononçait à la tribune les paroles suivantes : « Membre de l’ancienne et de la nouvelle administration, nous avons à nous expliquer sur nos intentions et notre conduite, nous serons court et précis… Tout le monde, dans le conseil, savait et croyait que la liberté doit être accompagnée de l’ordre, que l’exécution continue des lois jusqu’à leur réformation est indispensable, sous peine de confusion. Tout le monde était plein des expériences que la révolution de 1789 a léguées au monde. Tout le monde savait que la révolution de 1830 devait être maintenue dans une certaine mesure, qu’il fallait lui concilier l’Europe, en joignant à la dignité une modération soutenue il y avait accord sur tous ces points, parce qu’il n’y avait dans le conseil que des hommes de sens et de prudence. Mais il y avait dissentiment sur la manière d’apprécier et de diriger la révolution de 1830 ; on ne croyait pas généralement qu’elle dût sitôt dégénérer en anarchie, qu’il fallût sitôt se précautionner contre elle, lui montrer de la