Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/155

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chacun pour soi, la France ne le pouvait sans faire violence à son génie, sans abdiquer son rôle de haute tutelle à l’égard des peuples malheureux.

Cependant, à l’exception de M. Molé, qui n’aurait pas voulu que la France s’enchaînât a l’avance par l’adoption, hautement avouée, d’un principe invariable, tous les personnages importants dans le gouvernement nouveau se déclarèrent pour le principe de non intervention. Sur ce point, MM. Dupont (de l’Eure) et Laffitte pensaient comme M. Sébastiani, et Lafayette comme Louis-Philippe. Seulement, les uns croyaient que, le principe une fois admis, on le ferait respecter dans toutes ses applications, et, par exemple, que si l’Italie se soulevait, on empêcherait les Autrichiens de fondre sur elle. Les autres y mettaient moins de scrupule, et se réservaient d’agir suivant les circonstances. De là la participation du cabinet français aux actes de la conférence de Londres. Cette participation ne constituait-elle pas une flagrante violation du principe solennellement proclamé par la France ? N’était-ce pas en vertu de la loi diplomatique inaugurée en 1815 que l’Angleterre, la Russie, l’Autriche, la Prusse, s’arrogeaient le droit de disposer souverainement du sort de la Belgique ? Chose étrange ! On vivait alors en un tel tourbillon d’événements et d’idées, que ce fut à peine si on remarqua cet éclatant démenti donné par le cabinet du Palais-Royal à ses propres déclarations !

Quoi qu’il en soit, la conférence de Londres s’était mise à l’œuvre. Dans son premier protocole, en date du 4 novembre 1830, elle proposa la cessation des hostilités entre la Belgique et la Hollande, en assi-