Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/157

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de la Belgique, et on envoyait à un négociant de Valenciennes l’ordre de refuser les fusils destinés au bataillon des amis du peuple. Tout cela était trop bizarre pour ne point provoquer des explications. M. Mauguin annonça que, le 15 novembre, il interpellerait les ministres.

Le jour fixé arrive. Il était attendu avec impatience. M. Mauguin monte à la tribune, au milieu d’un silence universel. Il montre d’abord l’Europe partagée entre deux principes ; la France toute seule d’un côté, mais traînant le monde à sa suite, lui communiquant son repos, ou l’agitant quand elle s’agite. Passant aux choses du moment, il relève avec surprise et amertume ces mots du dernier discours prononcé par le roi d’Angleterre : Je suis déterminé avec mes alliés à maintenir les traités généraux en vertu desquels le systeme politique de l’Europe a été établi. — « Quels sont ces traités, s’écrie l’orateur ? Ceux de 1814. Mais ils assurent la possession de la Belgique à la maison d’Orange. Nous voilà conduits logiquement à prendre le parti du hollandais contre le belge ?… Triste position où nous a placés une politique imprévoyante ou compromettre la paix de l’Europe, ou combattre nos voisins les plus chers. » Après avoir fait allusion, avec une indignation contenue, à la conduite du gouvernement à l’égard des réfugiés espagnols, et manifesté quelques craintes sur les vues de l’administration relativement à la conservation d’Alger, « sommes nous enchaînés par les traités de 1814, dit M. Mauguin en se résumant ? Que faisons, que ferons-nous dans la question belge ? Quelle est notre position