Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/158

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à l’égard de l’Espagne ? Est-il vrai que les français ne jouissent plus dans la péninsule de la protection qui leur est due ? Est-il vrai que l’armée espagnole ait violé notre territoire ? Enfin, que veut-on faire de la partie de l’Afrique que notre jeune armée a conquise ? »

Une longue interruption succède à ces apostrophes hardies. Les députés se lèvent de leurs bancs. Des groupes tumultueux se forment dans l’hémicycle. Le maréchal Maison veut répondre : il s’embarrasse dans le vague de ses réticences et balbutie.

S’emparant à son tour de la tribune, avec l’autorité que lui donnent ses antécédents diplomatiques, M. Bignon se demande d’abord quelles sont les chances pour la guerre, quelles sont les chances pour la paix. « Aurons-nous la guerre ? Immédiatement non. L’aurons-nous dans trois mois, dans six mois ? là est l’incertitude ; hâtons-nous de dire qu’il dépend de nous en grande partie de ne l’avoir pas, ou, si elle est inévitable, de n’avoir pas à la craindre. » Ensuite, comme M. Mauguin, M. Bignon attaque le discours du roi d’Angleterre. Rappelant la qualification de révolte appliquée aux événements de la Belgique, « quel gouvernement sait mieux que le gouvernement anglais, qu’un mouvement traité d’abord de révolte ; reçoit de la fortune, quand elle le seconde, le titre de glorieuse révolution ? Qui le sait mieux que la maison d’Hanovre, dont l’élévation au trône d’Angleterre n’a pas eu d’autre origine ? » Parlant de la conférence de Londres, « de quel droit, continue l’orateur, ose-t-on prétendre régler à Paris ou à Lon-