Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/161

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nature a atténuer la portée des souvenirs de gloire réchauffés par sa parole. La France eut une heure de tressaillement, et pour la dernière fois, l’Europe ressentit un grand trouble.

Trois jours avant ces débats, le congrès belge s’était rassemblé. Jamais situation ne fut plus solennelle. Ces députés, réunis pour résoudre les plus graves questions qui puissent agiter le cœur des hommes, comment se sépareraient-ils ? Peut-être au bruit d’une révolution ; peut-être au milieu de quelque vaste embrasement du monde ! Car il suffisait du voisinage de la France pour assurer à la Belgique, royaume de quatre millions d’âmes, le pouvoir de tenir tous les rois attentifs au moindre de ses mouvements. La diversité des passions et des intérêts, les engagements pris ou les espérances secrètement conçues, le patriotisme exalté des uns, les calculs ambitieux des autres, donnaient à l’assemblée nouvellement élue une physionomie tout-à-fait étrange. On y remarquait l’abbé de Haërn, prêtre républicain ; M. Séron, d’une honnêteté rude et singulière ; l’impétueux M. de Robaulx ; M. Van de Weyer, apprenti diplomate et parodiste de M. de Talleyrand ; M. Lebeau qu’attendaient des triomphes de tribune ; M. Nothomb, qui s’essayait aux affaires ; M. Gendebien, que la France était fière de compter au nombre de ses partisans. La première séance du congrès fut remplie par un discours de M. de Potter, dont les derniers mots étaient : « Au nom du peuple belge, le congrès national est installé ! » Les députés applaudirent avec transport à cette déclaration de leur souveraineté toute révolutionnaire. Sur