Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/175

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rent ça et là ; le général Gendre et le vice-président de police, Lubowiski, essaient de s’enfuir et tombent percés de coups. Le grand-duc, couché sur un lit de repos, n’a que le temps de jeter un manteau sur ses épaules nues, et se dérobe par miracle aux vengeances des assaillants, tandis qu’à genoux dans une salle du rez-de-chaussée, la belle duchesse de Lowicz prie pour les jours du prince qui l’a préférée à un empire. Furieux d’avoir manqué leur victime, les dix-huit conjurés courent rejoindre leurs camarades, et tous, sous la conduite de Wysocki, ils se dirigent vers les casernes de la cavalerie, qu’ils espèrent surprendre. Les cuirassiers russes étaient déjà rangés en bataille. L’aventureuse phalange se précipite alors vers la grande rue du Nouveau-Monde, où l’attendent, à la tête de leurs compagnies, les sous-lieutenants engagés dans le complot. Mais, partout règne un profond silence. Solec, qui devrait être en flammes, n’a jeté qu’une faible et passagère lueur. Les jeunes gens s’étonnent ; ils craignent une trahison, et leurs angoisses redoublent à la vue d’un escadron de lanciers qui s’est mis à leur poursuite. Les écuries de Radziwill étaient sur leur passage : ils s’y retranchent, au nombre de 200, et, après une lutte vigoureuse, parviennent à repousser les lanciers. Au même instant, des décharges de mousqueterie retentissent au loin ; un incendie brille au nord. C’est le signal convenu entre Wisocki et Zaliwski. Pleins d’enthousiasme et d’espérance, les porte-enseignes poussent en avant, rencontrent à l’entrée du Nouveau-Monde un régiment de hussards, l’enfoncent ; et, entonnant l’hymne national Non,