Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/200

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La discussion allait s’engager entre l’accusation et la défense, mais on n’y apportait de part et d’autre ni dignité ni bonne foi.

En reprochant aux ministres de Charles X la violation de la charte et en partant de là pour les maudire, les accusateurs manquaient évidemment à la vérité. Car c’était en vertu de l’article 14 de la charte que le ministère Polignac avait suspendu la constitution du pays.

De leur côté, en invoquant cet article, les accusés adoptaient un système de défense bien peu loyal. Car, lorsque les lois cachent dans leur texte le renversement de toutes les libertés, le mépris du peuple, le despotisme, la guerre civile, ne pas toucher à ces lois devient un devoir, et les exécuter c’est un crime.

Si donc il n’y avait eu dans l’enceinte où allait se dérouler ce grand spectacle, que des âmes viriles, les accusateurs se seraient contentés de dire : « Vous avez voulu le despotisme. Pour y arriver, vous avez tout osé. Par vous, des milliers de citoyens ont péri. Vous avez fait sortir du sein des institutions la haine, le carnage, tous les déchirements, tous les malheurs. Quelle loi peut autoriser de tels forfaits ? et s’il est une loi qui les autorise, qui vous absoudra du crime de l’avoir appliquée ? Vous avez compté sur le glaive ; vaincus, subissez la loi du glaive : préparez-vous à mourir. »

Et à ce langage, les accusés avaient-ils autre chose à répondre que ceci : « Ce que nous avons fait, nous avons cru le devoir faire pour le salut de la monarchie. C’était une partie dans laquelle il était