Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/225

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gesse et cette expérience politique à laquelle rien ne peut suppléer dans une telle cause et au milieu de si vives passions. Aussi, messieurs, quelque soit votre arrêt, il subjuguera notre conviction. Nous nous plaisons à vous offrir l’hommage solennel de cette respectueuse confiance qui est le plus beau de vos droits, et que nous avons regardé comme le premier de nos devoirs. M. de Martignac répliqua d’une manière touchante, et retomba épuisé sur son siège. M. Sauzet garda le silence par fatigue. MM. Hennequin et Crémieux ajoutèrent quelques paroles à l’improvisation de M. de Martignac. Alors, M. Bérenger se levant au nom des trois commissaires, dit d’une voix grave : « Pairs de France notre mission est finie, la votre commence. L’instruction est sous vos yeux. Le livre de la loi y est aussi. Le pays attend, il espère, il obtiendra bonne et sévère justice. » A ces mots, le président ordonne qu’il en sera délibéré. Les accusés se retirent, et le public s’écoule, profondément préoccupé.

Une voiture attendait les ministres à la porte du guichet du petit Luxembourg. Elle les reçut tous les quatre, et s’avança d’abord lentement à travers la garde de nationale. Mais parvenue à l’extrémité de la rue Madame où l’attendait une escorte de deux cents chevaux commandée par le général Fabvier, elle prit avec une extrême vitesse la route de Vincennes. M. de Montalivet, ministre de l’intérieur, et le lieutenant-colonel Lavocat galopaient à la portière. Il était aisé de plonger dans cette voiture, simplement fermée de glaces, et l’on craignait tout