Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/235

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vaises chances. Le roi avait, pour saisir ce moment, un tact admirable. Dans la soirée du 22 décembre, accompagné de six laquais portant des flambeaux et d’un grand nombre de courtisans, il descendit dans la cour de son palais, où se pressaient quelques centaines de curieux. Et le Journal des Débats ne manqua pas de dire, en racontant cette démarche : « Son peuple le voyait, le touchait, et semblait-lui demander pardon de tous les excès commis en son nom. » Avant la révolution de 1830, les formules de l’adulation n’étaient certainement pas plus serviles ; mais les hommes qui, comme MM. de Lafayette, Odilon-Barrot, Dupont (de l’Eure), s’indignaient du langage des nouveaux courtisans, comprenaient mal les nécessités de la monarchie qu’ils avaient voulue.

Le lendemain, 23 décembre, M. Dupin aîné proposait à la chambre des députés de voter des remercîments à la garde nationale de Paris ; et M. Laffitte, président du conseil, demandait qu’on votât aussi des remercîments à la jeunesse des écoles. Mais on avait publié, au nom des étudiants, des proclamations qui exprimaient le vœu de voir la liberté garantie quand l’ordre aurait été rétabli. Les députés du centre laissèrent percer le mécontentement que leur inspiraient ces conditions mises par la jeunesse à son concours. La proposition de M. Laffitte fut accueillie, cependant. Mais les étudiants, irrités, réclamèrent hautement la responsabilité des proclamations blâmées par le centre ; et, rappelant ce qu’ils avaient fait au mois de juillet pour cette liberté qu’on leur marchandait, disaient-ils, et qu’ils