Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/240

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bre, et blâma la maladresse de ses ministres. Mais, écartant de l’entretien tout ce qui lui était personnel, le général parla de la liberté menacée, de la révolution mal comprise, du gouvernement égaré dans de fausses voies. C’était rompre définitivement avec la cour.

L’attitude de M. de Lafayette prouvait assez qu’il avait pris son parti, et qu’il résisterait d’autant plus qu’on ferait plus d’efforts pour le ramener. Le président du conseil, le ministre de l’Intérieur, un aide-de-camp du roi, M. de Laborde, M. de Schonen, allèrent successivement le presser de garder, non le commandement des gardes nationales du royaume, mais celui de la garde nationale de Paris. « Songez-y-bien ! lui dit M. Laffitte, aujourd’hui, et en uniforme, vous êtes le premier citoyen du royaume. Demain, confondu avec la foule, vous ne seriez plus, en combattant le pouvoir, que le premier des anarchistes. »

Ainsi qu’on l’avait dû prévoir, ces tentatives furent vaines ; mais elles semblaient rejeter tous les torts de la rupture sur l’obstination et l’orgueil de Lafayette. Ses ennemis en profitèrent pour le calomnier ; sa destitution ne fut plus qu’une démission toute volontaire, fruit d’une humeur chagrine, et on triompha doublement, à la cour, et de sa retraite et de la couleur qu’on était parvenu à lui donner. Le 26 décembre, la proclamation suivante fut publiée.

« Braves gardes nationaux, mes chers compatriotes, Vous partagerez mes regrets, en apprenant que