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posant à la chambre des communes la réduction des dépenses consacrées à l’armée et à la marine[1] ; l’Irlande, enfin, occupait des troupes considérables, plus que jamais nécessaires pour maintenir dans cet infortuné pays une tyrannie sans exemple et sans nom.

Tout semblait donc se réunir pour faire de la Russie la plus puissante nation du monde. Malheureusement pour elle, ses forces réelles étaient loin de répondre à l’habileté de ses diplomates et à la grandeur de ses desseins. Sa dernière guerre avec les Turcs avait épuisé ses ressources ; formidable en apparence, elle avait, plus que toute autre nation, besoin de la paix pour suivre ses intrigues ; et son empire était facile à ébranler, quoique colossal, parce qu’il manquait de proportions et d’assiette.

À ces complications, nées de la situation respective des puissances principales, s’ajoutaient les agitations des puissances secondaires réduites pour la plupart à mener en Europe une existence précaire et tourmentée.

En épousant Marie-Christine de Bourbon, Ferdinand VII avait profondément irrité le parti des moines qui aimait, dans l’infant don Carlos, un prince plus méchant, plus sombre, plus grossièrement dévot, plus fanatique enfin que le monarque lui-même. Déjà coupable, aux yeux des apostoliques, pour avoir introduit à la cour de Madrid les modes nouvelles, le goût des plaisirs et les fêtes, Christine leur devint odieuse, quand ils apprirent qu’elle

  1. Chambre des communes. Séance du 15 février 1830.