Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/259

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dût employer, pour l’y déterminer, les sollicitations les plus pressantes. Il s’obstinait dans son refus, lorsqu’une lettre du comte Nesselrode vint lui apprendre que son acceptation serait agréable à l’empereur. M. Pozzo di Borgo, de son côté, lui écrivait : « Après votre nomination et son insertion au Moniteur, je présenterai immédiatement mes lettres de créance.[1] »

  1. Nous avons sous les yeux les originaux des lettres MM. Nesselrode et Pozzo-di-Borgo, lettres précieuses et inédites que M. de Mortemart veut bien nous communiquer, et que voici :

    « L’Empereur me charge, mon cher duc, de vous témoigner de sa part, combien la mission qui doit vous ramener en Russie lui est personnellement agréable. Dans cette circonstance il a daigné se rappeler, qu’en prenant congé, vous lui avez donné l’assurance que si jamais l’occasion se présentait, de rendre un service spécial à l’union entre la Russie et la France, vous seriez prêt à revenir auprès de sa Majesté, afin de consacrer tous vos efforts pour obtenir un résultat aussi conforme aux intérêts des deux Empires, qu’il serait d’accord avec les intentions et les vœux de l’empereur.

    « Vous venez de prouver, mon cher duc, que vous tenez à remplir votre promesse. Sa Majesté se plaît à vous le dire. Elle aimera encore davantage à vous le répéter de vive voix. Je n’ajouterai rien de plus aujourd’hui, car vous connaissez trop bien les sentiments de l’Empereur à votre égard, pour ne pas être sûr de la satisfaction avec laquelle sa Majesté verra de nouveau auprès d’elle un compagnon d’armes de la guerre de Turquie, qu’elle se plaît à honorer de son estime et de sa confiance.

    Permettez moi, en mon particulier, de vous exprimer le plaisir bien sincère que j’aurai à renouer avec vous, mon cher duc, des relations auxquelles j’ai toujours attaché tant de prix.

    Recevez en l’assurance, ainsi que celle de ma haute considération et de ma sincère amitié.

    Signé : Nesselrode.

    Saint-Pétersbourg, ce 11 décembre 1830. »

    « Mon cher duc,

    Un courrier qui m’est arrivé cette nuit apporte la nouvelle que l’Empereur vous recevra avec la plus vive satisfaction, vous en trouverez une preuve de plus dans la lettre ci-jointe pour vous du comte de