Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/262

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de Prusse et du bon effet que produisait sur les puissances un aussi grand nom. Chlopicki, d’ailleurs, en le désignant au choix de la diète, s’engageait à l’aider de ses conseils. Cela fait, on s’occupa, dans la séance du 25 janvier, de la proposition du nonce Roman Soltyk, tendance à ce que la Pologne fût déclarée indépendante, et la maison de Romanoff à jamais exclue du trône. Czartoryski a tout mis en œuvre pour faire retirer cette motion qui l’épouvante. Il a vu Soltyk ; il lui a représenté les chances de la guerre, et que tout espoir d’accommodement serait fermé sans retour ; il a voulu le toucher par des considérations de famille, ou le séduire en caressant sa vanité. Soltyk est resté inébranlable.

Cependant la Diète était incertaine ; elle hésitait devant ce grand acte qui ne lui laisserait plus d’autre force que l’héroïsme. L’un des négociateurs envoyés à St.-Pétersbourg, Jesierski, parle de son entrevue avec le czar, puis il lit à la diète le mémoire qu’il avait remis à Nicolas, et que l’empereur lui avait fait rendre chargé de notes écrites de sa main. Une de ces notes était ainsi conçue : « Je suis roi de Pologne, je la roulerai. Le premier coup de canon tiré par les Polonais anéantira la Pologne. » La lecture de cette note fait courir un frémissement dans l’assemblée : on en lit d’autres où les auteurs de la révolution sont injuriés, traités de misérables, etc. Alors un membre se présente à la tribune, et frappant sur la poignée de son sabre, il demande s’il est permis à un souverain d’insulter des gens de cœur. L’assemblée est immobile : elle regarde l’orateur en silence. Antoine Ostrowski