Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/274

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ments. La popularité qu’on avait si ardemment recherchée d’abord, non par goût comme Lafayette, mais par calcul, on paraissait maintenant la compter pour peu de chose. On commençait même à laisser volontiers percer dans les discours les principes d’une politique jusqu’alors à demi cachée dans les actes.

À cette époque, des députations étaient envoyées au roi, de tous les points du royaume. Celle de la ville de Gaillac lui ayant dit : « Au dehors, la France veut être indépendante de l’étranger. Au dedans, elle veut l’être des factions. », il répondit : « Si les besoins de la patrie me mettaient dans le cas d’appeler les gardes nationaux et tous les citoyens à défendre notre indépendance contre une agression étrangère, je ferais cet appel avec une entière confiance, mais j’espère que cette nécessité n’existera pas. Nous ne devons pas seulement chérir la paix, nous devons encore éviter tout ce qui pourrait provoquer la guerre. Quant à la politique intérieure, nous chercherons, ajouta-t-il, à nous tenir dans un juste milieu. » Le mot du système venait d’être prononcé.

Ces paroles du roi retentirent dans la France entière. Quelques-uns pensèrent que le monarque n’était pas fâché de se faire honneur auprès des cabinets étrangers de son courage à braver les entraînements populaires. Tous remarquèrent la précision inaccoutumée de son langage.

Restait à savoir de quelle manière on refoulerait les passions actives qui demandaient à la révolution un aliment et une issue. Dans la situation violente où se trouvait la société française, il lui fallait, à dé-