Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/307

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dévouement boudeur, et les services que M. Dupin rendait à la cour n’en étaient que plus précieux. C’était l’orateur qui convenait le mieux à la politique du château, parce qu’il en suivait à merveille les phases changeantes, grâce à une mobilité d’opinion excessive et à des aptitudes d’avocat. A la chambre, M. Dupin soutenait les prérogatives de la représentation avec une hauteur, une susceptibilité de zèle, qui rappelaient la fougue des anciens parlementaires. Mais au lieu de défendre, comme eux, les privilèges du parlement contre le roi, M. Dupin les défendait contre le peuple. Au surplus, il semblait avoir hérité de toute la haine des vieilles magistratures pour la noblesse d’épée et le sacerdoce. A part la rigidité de la conscience et l’esprit de suite, M. Dupin était un janséniste en politique.

Une assemblée, personnifiée par un tel homme, était l’expression vraie du gros de la bourgeoisie ; et l’on conçoit combien elle devait être odieuse à tous ceux dont la révolution de juillet avait exalté le cœur et agrandi les désirs. Aussi tonnait-on contre elle de toutes parts. On lui reprochait d’être restée à la tête des affaires au nom d’un principe qui la rendait illégitime ; d’avoir fait survivre son importance aux circonstances qu’elle donnait pour prétexte à son usurpation. On lui reprochait sa répugnance pour les véritables artisans d’une révolution dont elle profitait, son égoïsme, son orgueil, peu justifié par sa capacité, son dédain pour le peuple, dont elle négligeait les intérêts et refusait d’interroger la volonté. Bientôt la dissolution de la chambre devint