Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/319

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Des communications ténébreuses n’engageaient-elles pas le cabinet du Palais-Royal envers la cour de Vienne ? Le duc de Modène l’apprit ou le crut, car ses dispositions changèrent tout-à-coup, et ce changement se prouva par les plus indignes manœuvres[1].

Menotti et ses amis ne se découragèrent pas, cependant. À vrai dire, ils pouvaient bien compter jusqu’à un certain point sur l’adhésion instinctive du peuple, mais non sur sa coopération active. Car ils n’avaient guère étudié les besoins de ce peuple, qui était heureux matériellement, et ils n’avaient noué avec lui aucun de ces rapports qui servent de fondement à une grande influence. D’un autre côté, l’Autriche seule était en état de comprimer leurs efforts, et pour eux, par conséquent, toute la question était de savoir si la France serait fidèle à ce principe de non-intervention qu’elle avait si bruyamment adopté.

Dans le discours du 1er  décembre, que nous avons déjà cité, M. Laffitte, on l’a vu, s’était écrié : « La France ne permettra pas que le principe de non-intervention soit violé. » Quelques jours après, M. Dupin, dont on connaissait les relations avec la cour, s’était exprimé en ces termes à la tri-

  1. Le 7 janvier 1831, Menotti écrivait à M. Misley :

    « J’arrive à l’instant de Bologne. Il faut te dire que le duc est un véritable coquin (birbante). J’ai couru le danger d’être tué hier. Le duc a fait répandre par les san-fédistes (secte anti-libérale) le bruit que moi et toi sommes des agents stipendiés pour former des centres et les dénoncer. Cela avait été si bien cru à Bologne qu’on a manqué de m’assassiner. Le fait est qu’en huit jours toute la Romagne avait changé de face, mais elle reviendra à moi… Maintenant que je sais que je suis tenu pour un agent du duc. je me réglerai avec tant de prudence que je parviendrai à mon but sans manquer à mes promesses… Adieu. »