Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/328

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des tortures qu’il avait endurées était affreux. Victime innocente de la tyrannie d’un gouvernement soupçonneux, il s’était vu traîner dans un pays étranger où on lui avait donné pour prison une basse-fosse humide et sombre, pour nourriture du pain noir trempé dans de l’eau chaude, pour lit une planche nue, pour vêtement l’habit des galériens. Sa jambe gauche, engagée dans un anneau de fer auquel pendait une chaîne d’un poids de vingt livres, s’était gonflée au point qu’une amputation était devenue nécessaire, de sorte qu’il suffisait de sa présence pour dénoncer la barbarie de ses bourreaux. La publicité donnée à ces détails, dans un moment où tous les cœurs battaient pour l’Italie, produisit une impression universelle et profonde.

Or, le même jour on apprenait à Paris que M. d’Appony venait d’annoncer au cabinet du Palais-Royal une prochaine intervention des Autrichiens dans le duché de Modène. L’Autriche fondait sa prétention sur le droit de réversibilité que lui avait reconnu l’acte du congrès de Vienne ; vain prétexte ! un droit éventuel de réversibilité pouvait-il enlever au duché de Modène ce caractère d’Etat indépendant que lui avaient donné les stipulations du congrès de Vienne, et que le gouvernement français s’était engagé à faire respecter, lorsqu’il avait proclamé le principe de non-intervention ? M. Laffitte déclara en plein conseil qu’à de telles prétentions, si l’Autriche persistait, il n’y avait qu’une réponse possible, la guerre. Tous tes ministres applaudirent. M. Sébastiani lui-même,