Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/338

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Le roi est souriant, la reine polie et grave ; mais madame Adélaïde affecte un maintien glacé, et le duc d’Orléans laisse percer dans son attitude la répugnance que le nouveau ministre lui inspire. A cette vue, Casimir Périer frémit ; et le front pâle, les lèvres contractées par la fureur, il s’approche du monarque, et lui demande quelques moments d’entretien secret. Ils passent dans une pièce voisine ; alors Casimir Périer, d’une voix brusque : « Sire, je vous donne ma démission. » Le roi se récrie, interdit et troublé. Mais Casimir Périer continuant : « Des ennemis dans les clubs, des ennemis à la cour, c’est trop, sire, c’est trop. Faire face à tant de haines à la fois est impossible. » Le roi l’écoutait avec anxiété. Il sentait bien qu’un pareil ministre serait un instrument indocile, si même il n’aspirait à l’empire. Et d’un autre côté, quel moyen de repousser les brûlants services de cet homme ? Comment affronter l’éclat de son inimitié, et le scandale de sa démission qu’on apprendrait avec la nouvelle de son avènement ? Le roi, se répandant en paroles bienveillantes, essaya d’adoucir Casimir Périer. Le trouvant inflexible, il appelle sa sœur et son fils, leur dit l’irritation de son ministre, ce qu’il est convenable de faire pour le calmer. Casimir Périer attendait, jouissant déjà de son triomphe. Il consentit à rester ministre ; mais il ne quitta le palais que satisfait et vengé.

Les collègues de M. Casimir Périer furent, au ministère de la guerre, le maréchal Soult ; aux affaires étrangères, M. Sébastiani ; aux finances, le baron Louis ; à la justice, M. Barthe ; à l’instruction