Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/349

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patriotes, trompés, se livrèrent de toutes parts. La colonne, commandée par le général Sercognani, déposa les armes dans les forts de Spoleto et de Pérouse. Alors seulement éclata la perfidie, des rancunes du Vatican. Le cardinal Benvenuti avait mis un honorable scrupule à tenir sa parole ; les engagements pris par lui furent considérés comme non avenus. De sanglants édits jetèrent la consternation dans les états du Pape. Les personnes, les biens, tout fut frappé avec une rage aveugle, avec un inconcevable mépris de la foi des traités. Et comme si ce n’était pas assez de la part indirecte de responsabilité que ces horreurs faisaient peser sur le gouvernement français, le nom de son ambassadeur à Rome fut mêlé aux phrases cruelles des proclamations du cardinal Bernetti, sans qu’un démenti de cet ambassadeur vînt couvrir l’honneur de la France. Quant à l’Autriche, elle sut rendre son triomphe plus sauvage encore que son agression n’avait été inique. Quatre-vingt-dix-huit Italiens s’étaient embarqués sur un navire pontifical, avec le consentement formel du légat, et munis de papiers en règle visés par le consul de France. Ces infortunés furent capturés dans la mer Adriatique par les Autrichiens, et plongés comme des malfaiteurs dans les cachots de Venise. De quel crime s’étaient-ils rendus coupables envers l’Autriche ? Faisaient-ils la guerre à cette puissance ? l’avaient-ils offensée ? Voilà ce qu’on se demanda bientôt avec indignation, mais à voix basse, dans toute l’étendue de l’Italie redevenue silencieuse et morne. On pensait aussi au jeune Napoléon Bonaparte,