Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/35

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l’Angleterre incertaine, inquiète et impuissante ; le Portugal et l’Espagne, à la veille d’une guerre de succession ; l’Italie la Belgique, la Pologne ; maudissant les traités de 1815 et prêtes à se soulever au premier signal ; voilà quel était l’état de l’Europe, quand la révolution de 1850 vint la surprendre et l’éblouir.

De semblables données permettaient aux Français une ambition sans limites ; et tout pouvoir, digne de les gouverner ; allait évidemment par eux gouverner le monde. Les événements appelaient notre patronage à Constantinople et nous donnaient, avec l’empire des sultans raffermi, le moyen de sauver la Pologne. L’uniforme de nos soldats, brillant sur le sommet des Alpes, suffisait pour l’indépendance de l’Italie. Nous pouvions offrir aux Belges, pour prix d’une fraternelle union, la substitution du drapeau tricolore à l’odieux drapeau de la maison d’Orange, et nos marchés, non moins opulents que ceux des colonies hollandaises. En nous déclarait avec énergie pour don Pédro, nous forcions les Anglais à contracter avec don Miguel une alliance exécrable, et nous sapions à Lisbonne leur domination déshonorée. Nous emparer moralement de l’Espagne était facile, car nous n’avions pour cela qu’à pousser contre deux factions monarchiques, ardentes à s’entre-détruire, les réfugiés espagnols invoquant le magique souvenir des cortès de 1820.

C’était assurément un merveilleux concours de circonstances que celui qui faisait dépendre à ce point de l’agrandissement de la France le salut