Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/355

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l’abolition de la pairie héréditaire, à la suppression des monopoles, à une meilleure répartition de l’impôt et à une réforme électorale prudemment limitée. La Société aide-toi, si célèbre sous la restauration, subsistait encore et n’avait rien perdu de son empire sur l’opinion, grâce à l’activité merveilleuse de MM. André Marchais et Garnier-Pagès. Toutefois, l’esprit qui l’animait n’était plus tout-à-fait le même, et le parti républicain y dominait, depuis qu’elle ne renfermait plus dans son sein ni M. de Broglie, ni M. Guizot, ni aucun de ceux qui ne l’avaient traversée que pour arriver au succès.

Mais de toutes les sociétés populaires la plus active sans contredit et la plus importante était celle des Amis du Peuple. Peu de temps après la révolution de juillet, on avait vu les membres de la Loge des amis de la vérité, dont M. Cahaigne était alors vénérable, descendre sur la place publique, déployer leurs symboliques bannières et entraîner une multitude émue sur cette place de Grève où coula le sang précieux des quatre sergents de la Rochelle. Cette cérémonie fut solennelle et touchante. M. Buchez y prononça un discours dont chaque mot était un ressouvenir. Mais la Loge des amis de la vérité venait de rendre pour la dernière fois témoignage d’elle-même. Embarrassée de ses formes mystiques qui répondaient peu aux sentiments de la plupart de ses membres, elle alla bientôt se fondre dans la Société des Amis du Peuple, société hardie, bruyante, que composaient tous ces héroïques jeunes gens qui avaient guidé, en juillet, les coups du peuple, et à laquelle il fut donné de