Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/356

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faire revivre un instant les traditions du club des Jacobins. Dans les premiers mois de la révolution de juillet, les séances de la Société des Amis du Peuple avaient été publiques. Elles se tenaient au manège Peltier, dans une vaste salle où la foule toujours très-nombreuse des auditeurs n’était séparée des membres de la société que par une mince balustrade. Là étaient accourus, tout d’abord, pour s’essayer à la vie publique, et ceux qu’emportait l’élan d’une conviction sincère, et ceux qui, impatients de tout rôle obscur, brûlaient d’agrandir leur destinée. Là, au milieu de beaucoup d’accusations déclamatoires et de propos frivoles, s’étaient produits des discours sérieux, des plaintes éloquentes, et quelquefois des projets d’une savante audace. MM. Guizot, de Broglie, en ce temps-là, siégeaient encore, dans le ministère, à côté de MM. Laffitte et Dupont (de l’Eure). Les doctrinaires prennent soudain l’alarme. M. Guizot propose contre les sociétés populaires des mesures de rigueur. M. Dupont (de l’Eure) combat les inspirations de cette politique violente. Mais pendant ce temps des agents subalternes du pouvoir sont parvenus à ameuter contre la Société des amis du Peuple, les marchands craintifs de la rue Montmartre. Le 25 septembre 1830, la société se trouvant réunie au manège Peltier, un grand bruit éclate au-dehors. Un capitaine de la garde nationale est introduit, et d’un ton respectueux : « Messieurs, dit-il, je n’ai aucun ordre à vous donner. Mais votre séance est l’occasion d’un rassemblement de deux mille personnes dans la rue Montmartre ;