Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/358

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impurs de la police, ou par des calomnies. Car le ministère public osait à peine provoquer à une lutte judiciaire, devant la magistrature de Charles X, conservée, des hommes que la révolution de juillet avait entourés d’une sorte d’auréole et qui touchaient la multitude par leur courage. « Messieurs, avait dit un jour[1] en plein tribunal, le président de la Société des amis du peuple, M. Hubert, traduit pour un placard où la chambre était offensée, c’est un étrange spectacle que de voir citer devant vous, deux mois après la révolution de juillet, des hommes qui n’ont pas été étrangers au succès de nos grandes journées. Que ceux qui n’ont pas reculé devant cette funeste anomalie en portent la peine ! Quant à moi, je n’aurai pas l’inexcusable faiblesse de vous accepter pour juges et de me défendre devant vous… Juges de Charles X, récusez-vous : le peuple vous a dépouillés de la toge en rendant la liberté à vos victimes, et vous-mêmes avez sanctionné sa sentence en fuyant lorsqu’il se battait. Voyez les rubans tricolores dont nous sommes parés : il y a deux mois encore, vous les eussiez flétris comme des insignes de sédition. Comment osez-vous, avec la même confiance, juger ceux qui les ont portés au mépris de vos vengeances ? Comment osez-vous affronter, sur vos sièges, dont les fleurs-de-lys ont été arrachées, ceux qui ont chassé l’idole à laquelle ont été sacrifiés tant de proscrits ? » Tel était le langage de ces hommes audacieux. Les juges auraient troublé d’avoir à leur

  1. Audience du 2 octobre 1830.