Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/369

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aux yeux des souverains étrangers, et la consternation fut grande au château.

Le lendemain, 16 avril, Paris fut sur pied. D’une part, la population s’entassait sur tous les points ; de l’autre, gardes nationaux, cavaliers et fantassins se mettaient en mouvement. La lutte, toutefois, ne s’engagea point.

Casimir Périer avait espéré, par un fastueux déploiement de force, intimider, du moins, le parti républicain. Mais ce parti, conduit par des hommes dont l’audace grandissait par le péril même, redoubla de fougue et sut bientôt trouver l’occasion d’agiter puissamment les esprits. La décoration instituée par la loi du 15 décembre 1830 allait être remise aux plus valeureux combattants de juillet : il fut décidé, à la cour, que la croix de juillet porterait pour légende : Donnée par le Roi, et entraînerait la formalité du serment. À cette nouvelle, les républicains se réunissent, s’organisent pour la résistance, puis courent répandre partout la colère qui les anime. On osait donc faire revivre l’ancien droit monarchique tout par le roi, pour le roi ! La révolution de juillet n’existait donc plus que par le bon plaisir d’un prince, sans qui elle s’était faite, que nul n’y avait vu figurer et qui n’aurait pu y figurer que comme le premier des rebelles ! À quoi songeait-on de transformer en hochet de cour ce qui ne devait être qu’un impérissable témoignage de l’impuissance du despotisme et de la fragilité des trônes ? Que signifiait ce serment qui associait des sentiments serviles au souvenir d’un événement par où avait éclaté la souveraineté du peuple, du peu-