Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/376

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Royal janséniste ; M. Thiers enfin et M. Garnier-Pagès qu’attendaient des destinées si diverses, et qui, l’un et l’autre, devaient occuper une place importante dans l’histoire de leur pays.

L’Opposition se présentait sans chef réel et reconnu. M. Odilon-Barrot, cependant, en était déjà le membre le plus influent. Loyauté, tenue, désintéressement, désir du bien, il avait toutes les vertus de l’homme privé. Mais son patriotisme avait quelque chose de languissant ; son honnêteté était timide, et sa sincérité ingénue. Ce qui aurait dû être sa volonté n’était que son désir. Ses inspirations étaient plutôt louables que magnanimes, et il ne se montrait capable ni d’audace, ni de passion. On le disait peu instruit, peu versé dans la science des affaires. Et comme il n’avait ni la sécheresse des esprits pratiques, ni la fougue des âmes qu’emportent leurs élans ; traité de rêveur par les uns, de calculateur par les autres, il perdait à la fois tous ses avantages. Orateur, il résumait volontiers les discussions et ne les précisait pas ; ou bien, il généralisait le débat sans l’agrandir. Mais son éloquence laissait une trace durable, parce qu’elle était toujours saine, élevée et forte. D’ailleurs, malgré sa figure sombre, sa lèvre légèrement dédaigneuse, la raideur apparente de son maintien, il y avait chez lui une naïveté d’impressions, une ignorance du mal, une noblesse de cœur et de caractère, qui lui donnaient une grand puissance d’attraction sinon d’entraînement. On oubliait de lui porter envie.

M. Maugin était, dans l’Opposition, le naturel émule de M. Odilon-Barrot. Et autant le second était