Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/380

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tauration française, s’était glissé dans toutes les cours de l’Europe, Skrzynecki fréquentait les églises et affectait de parler du ciel dans tous ses discours, même dans ses proclamations à l’armée. Un tel homme, congréganiste en épaulettes, et négociateur obstiné, n’était pas évidemment le chef qui convenait à une révolution armée, quoiqu’il eût de la bravoure, du coup-d’œll, la science militaire, et qu’il fût aiguillonné par l’ambition.

Après un mois de repos et des tentatives d’arrangement avec Diébitch, le généralissime résolut de reprendre les hostilités. Mais il garda le plus profond secret sur ses desseins. Dans la nuit du 30 mars, pendant que Varsovie est plongée dans le sommeil, Skrzynecki rassemble ses troupes en silence ; le pont de Praga était couvert de paille, on le passe sans bruit. La division du général Rybinski, soutenue par une brigade de cavalerie, marche sur Zomki, et arrive inaperçue à la pointe du jour sur les flancs de Geismar, qui occupait dans la forêt de Waver une forte position. Un brouillard épais couvrait la campagne, et les Russes, croyant l’ennemi éloigné, étaient endormis dans leur camp. Avant de commencer l’attaque, Rybinski détache le colonel Ramorino avec une partie de sa division dans le bois. Celui-ci par un détour va se poster en arrière des retranchements russes, de manière à leur couper la retraite. Assailli à l’improviste de front et de flanc, l’ennemi n’a pas le temps de se reconnaître, car à peine l’infanterie de Rybinski a-t-elle commencé le feu, que les lanciers débouchant des barrières de Grochow, tombent sur les avant-postes